C’est une décision qui devrait renvoyer sur le banc des accusés les six plus puissantes compagnies de l’industrie aurifère sud-africaine et levée un coin de voile sur un scandale sanitaire longtemps occulté.
Le tribunal de Johannesburg vient ce vendredi donner veut vert à une action collective introduite par 56 mineurs atteints pour la plupart de tuberculose ou de silicose.
Phineas Mojapelo, juge:
« Après avoir examiné les règles juridiques pertinentes contre les faits de cette affaire, nous arrivons à la conclusion qu’il y a des problèmes communs suffisants dans les allégations proposées pour justifier une action de groupe. Il y aura deux catégories: une pour la silicose et une pour la tuberculose. »
La silicose, surnommée « le mal des mineurs », est provoquée par l’inhalation de poussières de silice, notamment lors du forage de roches dans les mines. Une maladie qui s’attaque aux poumons de manière irréversible au bout d’une longue période de latence. Le taux de prévalence de silicose dans les mines d’or sud-africaines est un des plus élevés dans le monde, estimé entre 22 et 36%, selon plusieurs études.
Et on estime que ces 56 plaignants sont l’arbre qui cache la forêt des victimes de ce terrible scandale sanitaire.
Phineas Mojapelo, juge :
« Le nombre de personnes susceptibles de participer est de 17.000 à 500.000. La majorité d’entre eux est ceux qui ont contracté la silicose. Tous les défendeurs potentiels des sociétés de mines représentent presque toute l’industrie entière de mines d’or en Afrique du Sud. »
Les avocats des plaignants ont salué cette décision « historique » du tribunal comme « une immense victoire ». Ils disent espérer qu’un futur procès devrait réhabiliter la souffrance des mineurs d’or qui ont croupi en silence dans les mines et leur détresse pendant des décennies
Quant aux accusés, parmi lesquels les six compagnies concernées, dont AngloGold Ashanti, Anglo American et Harmony, ont expliqué dans un bref communiqué commun « étudier le jugement » et estimé que la décision du tribunal de Johannesburg ne « constitue pas un avis sur le bien-fondé » de la plainte déposée par les anciens mineurs.